Et si ce n’était pas la fin de tout ?

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J’en ai marre d’entendre parler de fin.

Je ne peux plus ouvrir un média sans y lire que c’est la fin de quelque chose. Comme si la société était au bout de sa vie et qu’elle se contentait de nous faire des chroniques de fins annoncées.

Pas plus tard qu’hier, installée tranquillement à la table d’un restaurant parisien avec une amie, je n’ai entendu parlé que de fin. Mon amie me disait que c’était la fin de son histoire d’amour mais qu’elle gardait son mec pour ses extras sexuels. Elle me signalait aussi que c’était la fin de l’été, donc la fin du beau temps, la fin de cette horrible mode du teint nude, la fin de son bail, la fin de son verre de vin, la fin de ses envies d’enfants, la fin de son abonnement téléphonique, la fin des ses illusions, la fin de toutes ses initiatives de séduction, la fin de sa jeunesse, la fin de ses envies de vivre en couple et je vous en passe des meilleures que j’ai fini  (moi aussi) par ne plus écouter tellement le mot fin me sortait par les yeux.

J’ai mis cela sur le compte de ce repas un peu trop arrosé et sur tout ce temps de conversation que nous avions à rattraper depuis la dernière fois que nous nous étions vu. Et puis dans le métro j’ai vu des affiches qui disaient que c’était la fin de notre liberté de penser, la fin de toutes libertés d’ailleurs, la fin de la gauche et de la droite, la fin des haricots.

Au kiosque à journaux quand j’ai voulu acheter mes revues de la semaine, j’ai entendu une dame dire, que c’était la fin d’une époque, la fin de la politesse, la fin de l’éducation, la fin de la France, ce beau pays si délabré.

Assise dans le train pour rentrer chez moi, en regardant les sujets que traitait mon magazine, j’ai lu que c’était la fin du couple, la fin de l’amour toujours, la fin du cul hétérosexuel, la fin des genres, la fin de la suprématie de l’homme sur la femme, la fin du Jean flare, la fin des tailles XS, la fin des mannequins qui ne sourient pas, la fin de tout un tas de choses sur lesquelles je m’étais contentée de poser un regard neutre.

Et là, j’ai eu une grosse nausée tenace. Moi qui avait passé ma vie à penser que tout n’était qu’un début vers de grandes choses. Vivais-je donc dans un monde d’obsolescence et de fins programmées sans le savoir ? Je n’arrivais pas à le croire. Si tout n’était qu’une fin ou était donc passé le début des choses. Comment avions pu nous laisser entraîner vers cette logique qui consistait à ne penser nos vies qu’à travers le spectre de la clôture.

J’avais beau chercher, je n’arrivais pas à trouver quand tout avait commencé. Et puis quand j’ai voulu du ketchup, et qu’on m’a dit que c’était la fin de la bouteille, j’ai explosé de rage.

Non ce n’était pas la fin, mais le commencement d’une autre bouteille !! et je me suis mise à dire aux gens autour de moi que Non, ce n’était pas la fin du couple, ni du genre mais une nouvelle façon de penser les choses, plus moderne et peut être plus réaliste. Que Non ce n’était pas la fin de la France mais une chance d’en faire autre chose de plus dynamique.

Qu’un jean serait toujours un jean, peu importe sa forme, qu’il n’existait pas de fin dans le cul mais juste d’autres façon de le pratiquer. Qu’on était loin de la fin de la guerre des sexes et qu’il faudrait encore attendre des décennies pour espérer voir une égalité. Que la fin des illusions n’était pas une marque de sagesse mais plutôt le comportement post dépressif d’une société qui ne voulait plus aller bien.

Qu’il était dingue de penser que tout n’était qu’une fin programmée alors qu’il restait encore tellement de choses à commencer et à faire vivre. Que la vie était un éternel recommencement et qu’on continuerait à faire de nouvelles choses malgré nos grandes idées concernant la fin de tout et de rien. Bref j’ai terminé mon petit discours en tapant du point sur la table et en affirmant que la fin était arrivée dans la tête des gens le jour ou ils avaient oublié de penser que le début de toute chose générait du bonheur.

Puis je me suis levée, j’ai pris mon manteau et je suis allée rejoindre celui qui me donne envie chaque jour, de recommencer à l’infini, la meilleure partie de baise de ma vie.

2 commentaires

  1. Le concept de guerre des sexes et d’égalité (18 cm pour tout le monde ?) m’a toujours fait sourire. Mettre dans la même “sociologie” une grande bourgeoise comme Momone de Beauvoir et une caissière de Lidl, il fallait oser ! Et la lutte des classes, hein ? Hum, hum…
    Cordialement

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