Mon corps, L’IVG, mes choix

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Je n’ai pas d’obsession pour le sexe, je le vis quotidiennement comme la chose la plus naturelle du monde. j’ai un corps, un sexe, des orifices et des envies et je vais conquérir celles-ci comme d’autres se lèvent le matin pour aller travailler.

Je me sens tout à fait libre de mes choix et de l’utilisation de mon corps. Au final à mon âge il n’y a plus grand chose qui vient s’interposer entre ce que je veux vivre et ce que je vis réellement. Qui viendrait dire à une dame qui à deux enfants comme utiliser son corps ou son sexe ? Peu de gens en vérité, à part peut être la presse qui ces derniers temps tient un discours qui me fait dresser les cheveux sur la tête.

Avec l’ascension de nouvelles figures politiques, de nouveaux débats voient le jour et comme il me semble normal de suivre l’actualité, je lis à peu prés tout ce que je trouve sur les sujets qui m’interpellent.

Je voudrais réagir à un article qui m’a profondément choqué et qui vient du site d’information Slate :  “Si nous restons des salopes c’est au cause de vous” qui traite du débat sur L‘IVG (interruption volontaire de grossesse). Cet article de presse met en avant le discours de deux femmes qui ont subit un avortement et qui le présente comme quelque chose de totalement anodin dans leurs vies.

Aujourd’hui la France est secouée par le débat sur l’IVG, le vieux dilemme de savoir si on doit ou non avorter refait surface avec une sorte de nouvelle vision consumériste qui me rend malade. Pour ma part, je suis totalement sidérée que l’on puisse remettre sur le tapis un sujet qui a 40 ans et qui s’est déjà confronté à toutes sortes de difficultés.

Je suis contre le discours des politiques et contre également celui des féministes. La vision totalement commerciale des premiers est écoeurante dans son ensemble. Il ne s’agit pas de savoir si on doit ou non rembourser totalement ou partiellement une femme qui fait se choix. Le débat ne s’est jamais situé à ce niveau. Les femmes qui se font avorter ne pensent pas un seul instant à savoir combien cela va leur coûter et si un jour on va leur rembourser quoique ce soit. Elles sont dans un autre monde, celui de l’affectif, de la procédure médicale et des conséquences réelles de l’avortement sur leur santé.

Il n’y a pas non plus de notion de bien et de mal dans cet acte, il y a juste des femmes qui ne peuvent ou ne veulent pas d’une grossesse à ce moment précis de leurs vies.

Il est évident que les hommes qui légifèrent soient confrontés à une notion de respect de toute vie mise en route, ça ne me choque pas outre mesure que cette question soit abordée. Je pense même qu’elle est légitime sur le fond et plutôt masculine. Je ne vois pas ce qu’il y a a blâmer ici. Se poser des questions est un signe d’intelligence et ne va pas du tout remettre en question des acquis  et une procédure qui à fait ses preuves.

Le discours de la seconde catégorie, celui des féministes qui sont toujours prêtes à descendre dans la rue pour brandir des idées éloignées de la réalité me fait peur. Prôner la banalisation de l’acte est selon moi une atteinte à la dignité des femmes qui passent par ce parcours et qui n’en mènent pas large, croyez moi. Non ce n’est jamais anodin de sortir de sa zone de confort pour réfléchir à quelque chose que l’on connait mais dont on n’imagine n’avoir jamais besoin dans sa vie.

L’IVG est légal et fort heureusement, je ne reviendrais jamais sur cela, il n’en demeure pas pour autant un acte banal ou anodin comme on essaye de nous le faire croire, bien au contraire.

Je me permet ce soir de donner mon avis car j’ai moi même choisit de me faire avorter à un moment de ma vie ou le choix d’avoir un autre enfant n’était pas un choix partagé par le couple que je formais.

J’aurais pu assumer un autre enfant mais le futur père n’en voulait pas, difficile alors d’offrir à un innocent une vie qui commencerait sans père. Je n’avais jamais pensé qu’un jour je devrais avoir recours à un IVG et notamment pas parce qu’un homme ne voudrait pas d’un enfant. Quand on écoute parler  les femmes, ont a l’impression que c’est elles qui ne veulent pas de cet enfant, il s’avère que parfois et même souvent c’est aussi l’homme qui n’en veut pas. Ce n’est donc pas qu’un choix féministe et engagé, ça peut aussi être un choix ordonné par la raison et le respect de la volonté d’autrui, qui lui aussi au même titre que les femmes, ne veut pas d’un enfant à ce moment là.

 Cela m’a toujours semblé curieux qu’on ne présente les choses que d’un point de vue féminin. Surement parce qu’au fond il est difficile d’imaginer que la décision reviennent à une autre personne que la femme. Pourtant de nombreuses femmes se sont faites avorter parce qu’elles se seraient retrouvées seules face à une maternité qu’elles n’imaginaient pas vivre ainsi.

Mon parcours vers L’IVG ne m’a jamais semblé banal. Car choisir de ne pas mener une grossesse c’est passer par tout un tas de procédures contraignantes qui vous rappellent à chaque instant que vous prenez une décision qui n’est pas aussi facile que certaines voudraient le croire.

Non ce n’est pas banal de se découvrir enceinte, c’est entrer en collision avec une réalité qui peut changer votre vie. Ce n’est toujours pas banal de choisir de ne pas mener cette grossesse, parce que c’est renoncer à une partie de soi même, à une capacité que l’on détient et qu’on ne va pas exploiter.

Choisir l’IVG, dans le cas le plus classique,(j’exclurais volontairement les cas de viol ou d’abus sexuel) c’est rentrer dans un processus médical bien rodé ou vous allez passer votre temps à expliquer à des gens pourquoi vous ne voulez pas de cet enfant à venir. Il y a nettement plus agréable comme situation.

On ne peut pas reprocher aux médecins, comme je l’ai beaucoup lu, de faire leur boulot et de vous demander si vous êtes sûres, parce que justement ce n’est pas banal du tout et qu’ils doivent recueillir une décision ferme de votre part. Car pour avorter, il faudra prendre deux fois des médicaments, voir trois fois comme ce fut mon cas car l’avortement ne voulait pas se déclencher.

Il faudra passer une journée à l’hôpital , pour prendre la seconde dose de médicaments, puis attendre allongée que votre corps veuillent bien entamer le processus de rejet du foetus. Vous souffrirez parce que çà entraîne des contractions et vous devrez expulser votre foetus dans une bassine et attendre pour que l’infirmière puisse confirmer que l’avortement est une réussite

Puis, il faudra rentrer chez vous, vous remettre physiquement et aborder  à nouveau votre vie avec ce poids que vous avez vécu. Bien sûr vous vous en remettrez doucement mais ça ne sera pas le sujet que vous aborderez dans le cadre de vos soirées. Parce qu’en fait ça ne sera jamais banal, ça ne pourra jamais l’être.

J’aimerais beaucoup que les “E-journaux” comme Slate, arrêtent de publier des articles engagés dans le mauvais sens. Il me semble impossible de publier ce genre d’article, ultra féministe pour parler d”un sujet qui touche de nombreuse personnes. L’acte quand il s’agit de soi et de sa capacité à donner la vie ou non, ne peut pas être banal, car cela engage une grande partie de nous même. Le minimiser n’a pas de sens, ça ne sera jamais une promenade de santé, ni facile, ni un détail.

Je me suis remise de mon avortement mais quand j’y pense aujourd’hui, je me dit que j’ai traversé une grande épreuve . Je n’ai plus jamais aimé mon compagnon de l’époque comme avant. Je me suis sentie vide pendant des mois, je n’ai trouvé personne à qui en parler ouvertement et honnêtement. J’ai du contenir ma peine et apprendre à vivre et a évoluer avec cela.

J’en parle ici aujourd’hui car je considère qu’au delà de la question de société et de politique, il s’agit d’une question profondément humaine avant tout. Il est heureux d’avoir le choix de garder ou non un enfant et personne ne reviendra sur ce qui a été acquis depuis si longtemps. Il me semble important cependant de rappeler que l’on ne peut pas minimiser les choses comme le fait l’article issu de “Slate”. Nier l’implication émotionnelle que génèrent des situations telles que celles ci, c’est enlever son identité et sa dignité à la femme qui va le vivre.

Alors mesdemoiselles qui faites croire que l’avortement est anodin, je me demande si vous avez vraiment vécu cette aventure. Vous qui parlez de la procédure comme ennuyeuse et longue et de l’acte comme d’une banale formalité à accomplir, qu’avez vous fait de tout cet affect qui entoure la femme qui se retrouve dans cette situation. Même si l‘IVG apporte énormément de liberté à la femme moderne, il n’en demeure pas moins, le choix que nous ne souhaitons pas avoir à  faire.

Et quand nous sommes obligées de le faire, cela reste un acte médical et non pas une formalité anodine.

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