La petite Marchande de glaces

Elle avait toujours deviné, dés son plus jeune âge qu’elle serait marchande de glaces. Déjà toute petite elle usait ses tétines à une vitesse phénoménale. Sa mère disait qu’elle avait une force de succion à faire pâlir de jalousie la meilleure des professionnelles du genre.

En grandissant, elle avait toujours quelque chose dans la bouche. Tout y passait, bonbons, stylos, chocolats mais il fallait qu’elle suce quelque chose, si possible qui ne fonde pas trop vite en bouche. Elle ne discutait pas beaucoup avec les autres, elle écoutait surtout, faisant tourner autour de sa langue ce qui se trouvait dans sa bouche à ce moment là.

Arrivée à l’adolescence et aux premiers émois, elle s’était adonnée avec passion aux baisers langoureux des amoureux transis. Mais elle avait trop de force dans la langue et la mâchoire et ses partenaires finissaient par fuir, la langue enflée et engourdie de tant d’ardeurs. Que de déceptions elle vécue alors !! partagée entre l’envie d’avoir un petit ami et l’ennuie de devoir se plier aux bonnes procédures. Sa bouche réclamait sans cesse de quoi être satisfaite et elle en était devenue l’esclave disciplinée.

A 17 ans, après avoir exploré partiellement sa sexualité et n’y ayant pas trouvé beaucoup de satisfactions, elle se dit que le plus important dans la vie était bien de faire ce qui lui plaisait sans se soucier de l’avis des autres. Elle passa son bac avec succès et informa ses parents qu’elle partait avec une copine faire le tour de France en vélo pour découvrir ce qu’elle avait envie de faire plus tard.

Joies de la jeunesse et de la liberté retrouvée, les deux jeunes femmes partirent conquérir le monde à la force de leurs cuisses galbées. Mais l’amour sait toujours rattraper celles qui le fuient si intensément. La camarade de voyage fut prise dans ses filets dés la troisième étapes de leur périple. Qui peut résister aux hormones sexuelles d’un athlète nordique perdu au beau milieu de la France en plein milieu de l’été ?

Elle n’eut pas de mal à comprendre ce qui motivait son amie à vouloir rester prés de son viking mais là n’était pas sa destinée. Elle les laissa roucouler tranquillement et reprit son voyage en leur promettant de leur donner des nouvelles régulièrement. Son appétit de vivre et l’appel féroce de sa bouche, qui était devenue une maîtresse exigeante, la conduit tout naturellement vers un glacier ambulant qui distribuait ses trésors aux enfants sur la place du village ou elle avait fait un arrêt.

Du rose, du bleu, du jaune naviguaient du camion aux enfants qui ouvraient grands les yeux. Spectacle d’été dont nous avons tous au fond de nous des souvenirs communs. Ses yeux aussi se mirent à briller et sa bouche à saliver En voila une activité plaisante pour une fille comme elle qui aimait occuper sa bouche en permanence. Servir des glaces et en lécher des centaines sur les routes de France, accompagnée d’un glacier qui saurait renouveler à l’infini cette magie.

Elle proposa avec simplicité ses services au glacier qui vit en elle une manière d’agrémenter agréablement son labeur estival. Elle accrocha son vélo au camion et se mit à apprendre les parfums des boules de glaces qu’elle aurait à vendre. Sorbets, glaces à la crème, fusées multicolores, pousse -pousse à la fraise, autant de saveurs à faire goûter à sa bouche insatiable.

Elle travailla avec ardeur à satisfaire les envies sucrées des vacanciers, mais malgré une consommation régulière de crèmes glacées, sa bouche ne semblait pas satisfaite. Sentant son associée décliner, le glacier qui la trouvait mignonne et intelligente, lui demanda ce qui la travaillait. Elle lui raconta qu’elle était esclave des désirs de sa bouche et que rien n’arrivait à combler son besoin incessant d’avoir quelque chose sur la langue à sucer.

Tous les problèmes que nous rencontrons ont une solution comme nous le dit l’adage. Le glacier qui ne voulait pas la perdre et qui était convaincu de son potentiel lui proposa une glace exceptionnelle à sucer et dévorer. Une friandise qu’elle pourrait utiliser sans se soucier de l’user, toujours à portée de main et un peu magique.

C’est ainsi qu’elle trouva la solution dont elle avait toujours rêvé. Elle fit le tour de France, assise entre les jambes du glacier, à lui sucer la friandise, la faisant tourner autour de sa langue musclée. Elle pouvait monter et descendre, l’aspirer et la pomper et en cas de gourmandise absolue, lui gober les noisettes. En voila une activité ludique, digne des prérogatives de cette bouche toujours en manque. Elle ne se priva donc pas de cette aubaine, mettant toujours beaucoup de coeur à l’ouvrage. Elle vida tant et si bien le glacier qu’il finit sur les rotules à la fin de l’été. Sa bouche avait encore vaincue et elle réclamait de plus belle.

Le glacier fut contraint de trouver une solution d’urgence et de songer à partager sa bouche empirique. Il perça à l’arrière de son camion un trou circulaire.

Ainsi le soir, après la distribution de la dernière glace, le camion va se garer à l’abri des regards. Une queue masculine se forme peu à peu à l’arrière du camion. Chacun leur tour, ces hommes vont enfoncer leurs friandises dans le trou circulaire et offre à la bouche dévoreuse de la petite marchande de glace, l’essence de leur être.

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