Mes transgressions

transgression

 

J’aime la transgression, cette folie qui consiste à sortir des normes dictées et de vivre ce qui est interdit. Je ne crois pas aux interdits de toute façon, peut être simplement à celui qui nous dit que nous ne devons pas tuer autrui.

 

 

La norme est fatigante à la fin

Pour le reste, je ne crois en rien, car ce que l’on nomme socialement la normalité n’a aucune résonance en moi. Je suis identique dans le sexe, je ne suis pas une consommatrice de ce que l’on veut bien nous laisser manger. Je n’aime pas les repas bien calés dignes des grands restaurants. L’ordre établi m’ennui, il y manque tellement de décadence et de fantaisie.

Pourquoi devoir commencer par l’entrée si j’ai envie de croquer dans le dessert, et puis suis-je obligée de prendre toujours un plat alors que je voudrais goûter à plein de choses différentes ?

La norme est fatigante à la fin, elle ne sait proposer qu’un seul type de choses alors que je sais déjà que j’ai envie d’en vivre beaucoup d’autres. Chaque jour qui passe, je me fais cette réflexion à moi même ” Qu’as tu envie de vivre ?” et je trouve toujours une réponse différente à apporter à cette question. La folie de mon cerveau me pousse à sans arrêt réfléchir à ce qu’est la vie et le désir, deux notions qui sont indissociables et qui me fascine profondément. La vie génère une foule de désirs et le désir ne serait pas grand chose s’il n’y avait pas la vie pour le vivre. La transgression est la fille de ces deux notions fondamentales et ne cesse de s’épanouir dans la chair de ses parents, se nourrissant d’eux comme une cannibale.

Souvent mes transgressions m’accompagnent quotidiennement. Hier je regardais des films lesbiens. Je m’extasiais intérieurement de ces échanges plein de salives et de tendresse entre deux ou plusieurs femmes et je me sentais prête à me jeter dans une gigantesque partouze féminine. Des centaines de mains viendraient se poser sur moi pour me donner du plaisir.

Que c’était bon de s’imaginer jouir ainsi, alors que je ne suis qu’une bisexuelle occasionnelle. L’idée de m’abandonner totalement à un mode de sexualité qui n’est pas dominant chez moi est exaltant. M’imaginer avalant des corps, des sexes et des seins à n’en plus pouvoir, jusqu’à étouffer sous cette masse de chair rubiconde et rosée. Puis renaître à la lumière grâce à tout le plaisir que j’en aurais pris est totalement divin. La cerise sur le gâteau pour moi étant de voir mon Maître comme chef d’orchestre priapique de tout ce fatras, la queue tendue d’un désir trop contenu, se répandre en longs jets extatiques sur toute cette chair transfigurée par l’action de jouissance. Un Guernica du cul splendide et fidèle à l’œuvre originale.

J’aurais pu me caresser et jouir à cette évocation décadente et puis passer à autre chose mais j’aime me garder des images mentales que je viendrais peu à peu enrichir de mes expériences comme un peintre retouche ses tableaux pour toucher à la perfection.

Chaque jour m’apporte son lot de transgressions et même si je ne le souhaitais pas, je ne pourrais pas lutter contre cela. Aujourd’hui j’ai été contacté par un homme qui voulait être une chienne totalement salope et qui me demandait de l’aider à atteindre son fantasme suprême. Oh pas un homme efféminé, non !!! Un homme qui domine dans la vie mais qui a besoin de déposer entre les mains d’autres, ses transgressions d’humain, parce que tout seul il ne sait pas les mettre en œuvre.

Imaginez vivre avec des désirs lancinants, qui sont un jour plus forts que vous et qui vous laisse parterre, à la fois malade d’envie et terrifié à l’idée de les réaliser. Moi je n’imagine pas, je ne pourrais pas me laisser dans cet état latent, immobile et désolant.  Peut-être que j’aiderais cet homme à trouver sa voie car il n’y a rien de plus beau que d’être vraiment soi-même et en paix. Je ne sais pas encore mais son parcours intime me touche car il est à l’opposé de son éducation et de l’image qu’il doit donner de lui jour après jour.

Les transgressions sont partout autour de nous. Souvent invisibles aux yeux des bien pensants, elles éclatent au grand jour à la face des gens comme moi qui ne vivent déjà plus, et ce depuis longtemps, comme tous ces militants d’une vie tranquille et routinière, sans saveurs ni odeurs.

Comment ne pas les comprendre ces transgressions, alors que moi même je m’épanouis dans le fait d’être la putain de mon Maître. Putain que je veux être, par choix, car j’en aime particulièrement la poésie et le ressenti. Il y a quelque chose qui m’enchante à donner ma chair à un homme qui en fera ce que bon lui semble. Non pas pour suivre une école de pensées mais parce que c’est ce qui me fait vibrer au plus profond de moi même. A un autre siècle j’aurais été brûlée vive, aujourd’hui je suis sans doute jugée pour le vivre et pour avoir l’audace de l’écrire mais je n’ai jamais été aussi libre que dans ce qu’on appelle communément la soumission.

Pour moi c’est tellement plus fort et plus intense qu’une classification d’un registre sexuel reconnu. C’est une nouvelle forme de moi, une nouvelle évolution de mon désir qui ne cesse de s’affiner jour après jour. Sans doute suis- je en train de créer un Néo-BDSM, une transgression de l’existant qui pourrait faire naître une nouvelle façon de voir les choses et de les appréhender, allez savoir ….

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