Se mastuber et jouir sont des actes politiques

J’aime me masturber et me faire jouir. J’aime toucher mon corps et le faire voyager vers des contrées qui ne sont pas encore exploitées.

Non pas parce que je suis une femme célibataire (je ne suis pas en manque), ni parce que je suis une nymphomane assoiffée de sexe. Mais parce que mon corps m’appartient entièrement et que je suis libre de lui apporter du plaisir quand je le souhaite.

J’aime le faire seule ou accompagnée car c’est une véritable voie de réflexion sur moi même et sur les autres. Mon corps est une cartographie sensuelle que je ne me lasse pas d’explorer et de faire découvrir à mon compagnon.  La science dit que 26 % de la surface totale de mon corps est une zone érogène mais il y a aussi tous ces autres endroits que je ne connais pas encore et qui sont capables, j’en suis certaine de me donner un grand plaisir. J’aime mon statut d’aventurière et je veux être une chercheuse de plaisirs jusqu’à la fin de ma vie.

Depuis trop longtemps, la société et le pouvoir en place (institutions morales, administratives et religieuses) nient le corps de la femme en lui interdisant de se sentir à l’aise avec sa sexualité et le plaisir.

Le corps féminin est une obsession masculine depuis la nuit des temps.  Partout représenté, objet de convoitise et de fantasmes il est pourtant très méconnu de ces même hommes qui faute de bien le comprendre ont préféré l’enfermer dans des injonctions que je considère comme réductrices et douloureuses.

Aujourd’hui on lui ordonne de correspondre à une norme physique imposée et non négociable. La reproduction qui est propre au animaux et dont nous sommes censés avoir perdu l’instinct depuis que nous sommes des hommes savants est restée une obsession pour beaucoup de monde. Notre corps doit donc concevoir car c’est avant tout la finalité de toutes les femmes qui se respectent. (Oui, celles qui ne veulent pas concevoir sont bien évidemment des cas particuliers qui relèvent de la psychiatrie, voir de l’hystérie mais ça c’est une autre histoire dont nous reparlerons).

Soyons minces, sexy, belles et mères !!!! voila tout ce que l’on nous demande et ce dans la souffrance s’il vous plait car tout le monde le sait “il faut souffrir pour être belle !!. ( Beaucoup voudraient aussi que nous soyons terriblement sexuelles mais comme nous ne savons pas vraiment ce que cela veut dire c’est un peu compliqué pour nous. Et oui nous ne pouvons pas être des bêtes de sexe si nous n’avons pas accès librement à nos corps et comme ceux ci nous ont été confisqués par l’ordre moral et l’opinion publique …… vous voyez le truc, on tourne en rond )

Notre corps féminin est programmé pour nous faire souffrir, tout le monde le dit. Nous souffrons pour maigrir, lors de nos règles, pour mettre au monde et notre introduction à la sexualité est entourée de l’idée que de toute façon la première fois ça fait mal. Une vraie culture de la douleur que l’on entérine nous même, génération après génération en continuant à propager ces idées rétrogrades. On est a l’opposé du plaisir et de la jouissance là  !!!!

Ma mère ne m’a jamais parlé du plaisir de la sexualité et encore moins du plaisir que je pouvais me donner toute seule en explorant mon corps. Je n’ai eu le droit qu’a une réflexion mercantile sur ma sexualité, ma pilule contraceptive n’était pas remboursée. J’ai eu le droit aussi aux menaces si je tombais enceinte, à cette vie horrible que j’aurais alors, sans avenir, sans argent, sans hommes qui voudraient bien de moi après. Mais jamais, à aucun moment, à tout le plaisir que j’aurais à entrer dans cette vie de femme. Mon éducation sexuelle s’est résumée à essayer de me faire culpabiliser de quelque chose qui est naturel et totalement normal.

C’était en 1992, j’avais 17 ans et heureusement pour moi que je m’étais déjà masturbée bien avant et que j’en avais joui. Je me demande ce que j’aurais pensé de la sexualité si je n’avais jamais oser toucher mon corps et essayé de le comprendre dans son fonctionnement.

Aujourd’hui on est en 2017 mais au fond je me rend compte que cela n’a pas beaucoup changé. Certes nous avons désormais un accès libre à la pornographie, à la contraception, aux sextoys, aux clubs libertins, au cul sous toutes ses formes mais on ne parle toujours pas de plaisir féminin au grand jour. On repassera en seconde semaine si on cherchait un modèle de jouissance libre auquel s’identifier. L’industrie du cul est trop mercantile pour penser “vrai et authentique” et offrir une vision dont on peut se nourrir sainement.

Les féministes fières d’avoir su capter l’attention préfèrent rejeter le corps et le plaisir, plutôt que de se battre pour faire reconnaître une égalité hommes/femmes sur la sexualité. Forcément c’est toujours plus utile de crier que nous ne sommes pas des putes ni des objets sexuels plutôt que d’essayer de faire comprendre que le corps des femmes à la même valeur que celui des hommes donc les mêmes droits. Difficile après cela de me rattacher à un quelconque mouvement alors que je me sens féministe mais totalement pro sexe. Nier perpétuellement notre dimension sexuelle et en plus la détacher du plaisir c’est jouer le jeu de la société et je vous avoue que ça m’agace fortement.

La médecine, quant à elle, apporte des solutions techniques et innovantes et même si aujourd’hui elle parle du clitoris comme d’un organe stupéfiant et méconnu, son engagement ne va pas au delà, ce n’est pas son rôle. Et puis il n’y a pas que le Clitoris en plus, certes on en avait jamais parlé avant mais je trouve cela bizarre de n’érotiser que des parcelles de corps, alors que celui-ci tout entier est capable de donner du plaisir. Encore une fois la conquête du plaisir reste à mener plus que tout.

Moi je viens vous parler d’un combat essentiel à mes yeux, celui de connaître son corps et de trouver le chemin de tous les plaisirs dont il est porteur. Voila pourquoi il est primordial à mes yeux de bien comprendre que nos corps de femmes n’ont qu’un seul propriétaire qui ne se pliera à aucune des injonctions de la société moderne.

Exit toutes les idées que l’on essaye d’ancrer dans nos têtes, nous n’avons pas besoin d’avoir un corps parfait. Par contre nous avons le devoir de comprendre comment celui-ci fonctionne et comment nous en servir. Nos corps sont jouissifs, multi-jouissif même, il est donc dans notre intérêt de découvrir comment atteindre ce statut et d’essayer d’exploiter ce pouvoir que nous détenons. Car toutes vraies évolutions tiennent dans la connaissance de ce que nous sommes vraiment.

La meilleure façon de prendre conscience de nos capacités à ressentir du bien et à jouir est l’auto-contact. Caressons-nous, masturbons nous toutes, le plus souvent possible et soyons en fières car c’est un véritable acte politique engagé.

C’est en imposant une nouvelle vision de notre corps, de son plaisir et de sa sexualité que nous ferons avancer le monde. C’est en libérant la parole des femmes sur les potentialités de leurs jouissances que nous pourrons avancer dans ce monde encore profondément machiste.

Eduquons aussi nos enfants en leurs transmettant un vrai discours sur leurs corps et le plaisir que ceux-ci vont leur donner. Sortons de cette culpabilisation ancestrale qui consiste à nier encore et encore nos corps, nos envies et notre condition de femmes désirantes.

Battons-nous, Libérons-nous et mettons nos mains dans nos culottes !!!!!

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