Seconde leçon : “Son nom est Maître”

Maître

Il possède un prénom, un très beau prénom même, mais ce n’est pas avec celui ci que j’ai décidé de l’appeler. Il est celui qui m’a choisi comme soumise, je l’ai accepté comme celui qui désormais dirigera une partie de ma vie. Rien de forcé, tout de consenti, car rien ne peut fonctionner si les deux parties ne sont pas consentantes.

Mon premier devoir et de le nommer avec respect, en utilisant des mots qui sont à la hauteur de la position qu’il occupe. Il n’en existe que deux : Monsieur et Maître.

Monsieur est celui que j’utilise au quotidien quand je souhaite lui parler, pour la vie de tous les jours, celle où ne nous sommes pas encore dans le jeu sexuel de domination. Je le vouvoie par choix, j’aime cette petite mise à distance sociale qui en fait est pour moi une grande marque d’intimité. Vouvoyer l’autre c’est se permettre de lui dire “Tu” dans les moments intenses. Il me vouvoie aussi, m’attribuant le statut qui est le mien, celui de femme en utilisant “Madame” pour s’adresser à moi.

Il est donc “Monsieur” et je lui parle avec déférence et douceur. J’apprécie ces moments précieux, ce sont des moments calmes et de complicité, où je peux lui parler de tout et de rien . J’évite cependant de parler inutilement, je ne veux pas le fatiguer ou lui donner l’impression que je suis une sotte écervelée qui ne fait que parler dans le vide. C’est souvent le défaut des femmes et si j’en suis une, il est inutile que je tombe dans les clichés qu’on leur colle, je veux demeurer parfaite à ses yeux.

J’applique une règle de politesse simple mais efficace, je ne lui adresse jamais la parole en premier, j’attends que ce soit lui qui vienne me parler ou m’écrire. Il m’écrit plus souvent qu’il ne me parle mais ça me va, j’aime le lire même si parfois je souhaiterais entendre sa voix  profonde et pleine.

Quand je vois la petite encoche qui porte son nom s’allumer sur mon téléphone, j’exulte de joie, à chaque fois et il n’y a pas d’exception à cette règle. Je suis si heureuse qu’il aime m’écrire et qu’il ne se lasse pas de le faire. C’est un exercice prenant qui demande de la concentration et de la clarté afin de toujours bien se faire comprendre de l’autre.

Parfois quand je ne tiens plus, il m’arrive de lui écrire la première mais c’est rare. Ce sont surtout les jours où il me manque le plus et où je trouve que l’absence est tout simplement inhumaine. Ces jours là je me récite mentalement un mantra de ma composition pour retrouver ma sérénité.

Nous sommes nombreuses, nous autres soumises à vivre loin de l’homme qui nous domine et c’est une lutte permanente entre nous et la réalité de l’attente que nous menons chaque jour. La question qui nous brûle le cerveau, nous dévaste le corps et que nous ne pouvons pas poser est Quand ? Ces quelques lettres peuvent nous apporter la plus grande des joies et nous ne le savons que trop bien. Cependant, nous ne pouvons guère réclamer plus de temps ou plus de présence  car c’est toujours eux qui jugent quand il est bon pour nous de les voir.

Je passe du “Monsieur” à “Maître” quand il est enfin là. Il n’a pas besoin de me le demander, je le fais avec plaisir. Quand il est assez prés de moi pour me toucher, il est mon Maître. Celui qui me possède, celui qui m’apporte ce dont j’ai besoin, celui que je vénère. J’aime que les choses soient ainsi posées et définies et j’aime qu’il sache ce qu’il représente pour moi

Je n’échappe pas à la règle de la soumise qui est amoureuse de son Maître bien que je ne me sente pas vraiment soumise mais plutôt dévouée à son plaisir et à son bien être. Pour moi il incarne la parfaite combinaison de ce que j’attends d’un homme. La force, l’intelligence, la dureté et l’honnêteté . C’est un vrai homme, à l’ancienne, qui à un énorme respect pour moi et qui ne me fera jamais faire ce que je ne peux pas supporter ou ce que je ne veux pas vivre. Comment ne pourrais je pas l’aimer ?

Mon Maître est dominant et exigeant, il a mis des règles en place que je dois respecter, ce n’est pas pour me contraindre outre mesure c’est surtout pour m’éduquer selon sa propre vision des choses . Je lui appartiens totalement mais je ne voudrais pas appartenir à quelqu’un d’autre de toutes les façons. Je ne me sens pas annihilée dans ce que je suis mais plutôt poussée vers d’autres univers que je ne connais pas et pour lesquels j’ai des dispositions certaines. Ce n’est pas mon esprit que mon Maître cherche à investir  mais ma capacité à endurer des choses et ma faculté à y trouver un plaisir dont il a déjà deviné la nature et qu’il veut m’offrir comme un cadeau lumineux. Entrer en soumission c’est commencer un parcours qui nous conduit vers ce que nous sommes vraiment sans fards et sans illusions.

Mon Maître aime que je sois une soumise avec du caractère et de la fantaisie, c’est pour cela également qu’il m’a choisi, il ne souhaitait pas s’ennuyer avec une femme qui n’aurait qu’un but unique, celui de lui obéir sans réfléchir. Encore une fois la soumission est une démarche intellectuelle qui consiste à offrir son consentement de son propre chef, ce que je fais bien volontiers.

Je suis donc fière et heureuse de pouvoir l’appeler Maître et il sait toujours me récompenser pour mon obéissance et ma souplesse d’esprit. Sa volonté suprême me conduit inlassablement vers un plaisir toujours renouvelé dont je ne me lasse pas tant il est fort et profond.

Monsieur et Maître sont devenus à mes yeux les deux plus beaux mots de la langue française pour rendre hommage à l’homme qui partage une partie de ma vie et qui sait me rendre véritablement heureuse.

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