Rendez nous la liberté de baiser sans normes de quantité et de durée

Hier soir en rentrant du Casino de Paris j’ai fait un arrêt chez mon marchand de journaux préféré pour faire le plein de magazines de toutes sortes.

J’adore lire tout ce qui se dit au niveau sexologie chez les éditorialistes mainstream. Ils en  font toujours des tonnes pour coller à une réalité qui n’est pas toujours la nôtre. Ils sont très forts aussi pour nous sortir des sujets qui semblent être fait pour faire frisonner les filles…. Ou pas.

Ce mois ci dans BIBA le sujet sexo s’intitule “La dernière fois que vous avez fait l’amour, c’était quand, comment et avec qui ?”  La question me semble déjà fort mal posée et relève d’un certain voyeurisme social qui ne m’a jamais fait vibrer pour ma part. Mais bon pourquoi pas puisqu’on me garanti que c’est du réel.

Je me rend donc à la page dudit article et je lis les petits témoignages de femmes entre 25 et 40 ans qui ont bien voulu répondre à cette question.  Et là je suis à la fois surprise et atterrée. Non pas surprise par la formulation mais par les réponses que j’y lis. Qui sont jetées à la face du lecteur comme des couperets sans appel.

De nombreuses femmes signifient clairement que “leur dernière fois ce n’était pas vraiment hier ” et qu’elles n’ont pas forcément envie de leur compagnons. D’autres stipulent que leurs moities ne sont pas doués pour la chose ou bien que la vie trop occupée ou trop stressante réduit à peau de chagrin leurs vies intimes.

Je vois aussi les mots, “c’était trop long, j’ai simulé pour écourter. Je me suis forcée un peu car je panique quand je me rend compte qu’on ne l’a fait que 2 fois ce mois ci. “

“Je couche de façon trop mécanique. La frustration et un rendez vous chez le sexologue nous guettent sérieusement. Le sexe est tellement banal que je crois qu’ il ne me manque pas beaucoup au final.

Ces témoignages qui semblent être du vécu et qui sont pour la plupart assez négatifs m’ont fait réfléchir à la perception de la sexualité que la société nous poussait à avoir, vis à vis de nous même et des autres.

Dans notre monde ultra connecté ou l’on peut manger du cul à tous les repas et à n’importe quel âge, on pourrait s’attendre à avoir une sexualité super épanouissante. Puisqu’on nous fournit à tous les coins de rues, un mode d’emploi simplifié et fortement imagé; en toute logique nous devrions être des super héros du cul sans peurs et sans lois.

Alors pourquoi, si j’en crois les témoignages de BIBA les gens font de moins en moins l’amour ? Je ne vous parle pas de baiser car nous n’en sommes même pas à cette notion tant la sexualité s’est distendue jusqu’à être un acte qu’il faut exécuter et non plus vivre et ressentir.

Alors on va dire que c’est encore la faute du porno, des réseaux sociaux et de tout un tas d’autres choses qui viennent parasiter les gens mais je n’en suis pas vraiment convaincue.

Je pense que cela vient du fait que nous oublions de plus en plus souvent que nous sommes humains.  Oui cela fait bizarre dit comme cela, car on se demande comment c’est possible d’oublier notre condition d’être humain. Et pourtant !!!  Nous passons notre temps à vouloir mettre des normes et des procédures sur tout ce que nous faisons dans la vie y compris le fait de baiser. Pour preuve, nos librairies foisonnent d’ouvrages nous expliquant comme bien baiser, combien de fois et combien de temps. (D’où la logique de l’article BIBA)

Je me souviens d’avoir eu un jour une conversation avec un homme qui m’expliquait son ratio investissement /baise. Pour lui investir du temps devait forcément déboucher sur du cul. Du coup dans sa vie de couple et hors couple, il considérait que toutes relations humaines entre deux personnes du sexe opposé, dans le cadre d’une rencontre sensuelle, devaient déboucher sur du cul ou sur le fait qu’il bande . Le pire c’est qu’il se sentait tellement libre alors qu’il vivait en permanence avec cette pression sociale qu’il aurait mieux fait d’avoir ailleurs. 

Ce gars avec qui je ne suis jamais sortie d’ailleurs était à l’image de ce qu’on essaye de nous imposer jusqu’ aux fondements même de notre intimité :

Être jeune, performant, avoir un rythme important, jouir régulièrement, être satisfait et en redemander encore et encore. ( Dites tout cela a toute vitesse et vous allez voir combien c’est déjà fatigant, rien qu’a ce stade) Puisqu’on nous le répète partout et tout le temps, on finit pas croire que c’est ce que nous devons être : Des machines productives et performantes !!!

Tout cela entraîne des comportements irrationnels pour essayer de rentrer dans des cases pour lesquelles nous ne sommes pas conçus dès le début. L’homme est un animal savant et de ce fait comme tous les animaux il fonctionne au feeling, à l’attirance, aux odeurs et aux émotions.

Imposer une norme c’est tuer l’émotion. C’est à dire ce qui fait que l’homme est homme. Si nous devons créer des procédures pour gérer techniquement notre société, il n’est pas possible de poser des obligations sur le cul. Ni sur le désir et l’attirance d’ailleurs.

Car tous ces facteurs humains ne peuvent pas se déterminer et s’analyser à travers des notions de durée et de quantité et fort heureusement. Ce qui nait d’une émotion est aléatoire et très instable. Cela vient soudainement et s’évapore tout aussi rapidement sans que nous puissions mettre un verrou et des règles dessus. Pour preuve, la sexualité des françaises interrogées sur cette question est à l’inverse de ce qui est demandé pour être “normale”

Alors, Je cris bien fort NON, il n’existe pas de rythme parfait ni de quantité idéale. Et vous n’avez pas besoin d’aller consulter un spécialiste si pendant certaines périodes vous ne pratiquez pas. OUI vous avez le droit de ne vouloir que des câlins sans vous blâmer pour ceci. OUI vous pouvez pratiquer une sexualité classique si cela vous convient et vous fait du bien. Vous avez même le droit d’être pervers parce qu’un peu de perversité c’est bien sympa aussi.

L’important se trouve ailleurs, dans l’amour, la tendresse et là compréhension que vous avez l’un pour l’autre. C’est pour cela que vous adorez manger du chocolat blottis l’un contre l’autre en regardant des séries a gogo. La sexualité est un jeu, une découverte tout au long de la vie. Elle va vous apprendre à vous construire à deux ou à plusieurs et elle ne mérite pas d’être ultra encadrée avec des objectifs de performances à tenir.

Le seul objectif que vous devez avoir et celui d’aller vers ce qui vous correspond et ce qui vous apportera du plaisir. Peu importe la forme que ça prendra et l’ardeur que vous y mettrez ou non.

Libérez vous des diktats de temps et de quantité et baisez selon vos envies et votre rythme. Laissez de nouveau entrer dans vos couples, la tendresse, la bienveillance et le toucher. Ne culpabilisez plus, ne vous forcez plus et n’ayez plus peur . Une sexualité épanouie conduit à une vie agréable.

Un commentaire

  1. Merci Iza ! Merci de rappeler que nous sommes des humains et donc des êtres qui fonctionnent par des émotions.
    A un moment de ma vie où je me demandais si je devais me mettre aussi sur Tinder pour faire des rencontres et avoir une sexualité “comme tout le monde”, ton texte intervient comme une réponse à mes inquiétudes.
    Je préfère suivre mes envies, au hasard des rencontres.

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